Le blanc misseron

D'après les contes d'un buveur de bière de Charles Deulin

 

Source : http://netia59a.ac-lille.fr/av-fourmies/class-exp/misseron/missero4.htm 

document du site de l’Inspection Académique du Nord

 

Au temps jadis, au temps où les bêtes parlaient, (je veux dire où les hommes, plus avisés qu'aujourd'hui, comprenaient le langage des animaux), il y avait, dans la forêt d'Amblise, un misseron ou, si vous le préférez, un moineau qui était blanc comme neige.




Il ressemblait aussi peu de caractère que de plumage à ses frères, on ne pouvait lui reprocher d'être ni effronté, ni pillard, ni piailleur, et c'est pourquoi aucun de ses pareils ne voulait être ami avec lui. Cela le désolait, il résolut d'en chercher un en dehors de son espèce.

Il offrit son amitié à l'ours, mais l'ours lui répondit malhonnêtement qu'il n'avait besoin de personne; il l'offrit au loup, mais le loup lui montra les dents; il l'offrit au renard, et le renard l'accepta, mais à son air faux et rusé, le misseron jugea tout de suite que le compère l'aimerait au point de déjeuner de lui.


Il se rabattit alors sur le cheval, le boeuf et l'âne. Ils haussèrent les épaules et dirent:
- Qu'avons-nous affaire d'un compagnon aussi chétif ? Autant vaudrait se lier avec un moucheron.

Le pauvre pierrot était de plus en plus triste, car il se croyait digne d'avoir un ami et capable de lui rendre aide pour aide, protection pour protection.
Il se serait bien adressé à l'homme; mais l'homme est le plus méchant et le plus cruel de tous les animaux.
En effet, si les loups mangent les moutons, c'est par obéissance à la loi de la nature et afin de satisfaire leur appétit; tandis que l'homme fait le mal pour le mal, met les oiseaux en cage, quand il ne les met point à la broche, et égorge ses semblables pour l'honneur et sans y être poussé par la faim.

Un jour du mois de mai que le misseron se promenait seul vers Quiévrechain, il trouva sur la route un vieux mâtin borgne, boiteux, efflanqué et se traînant avec peine.

 

Il fut ému de pitié et lui dit doucement:
Où vas-tu, mon pauvre vieux ?


-Tout droit devant moi, comme un chien perdu, répondit le mâtin. J'ai longtemps et fidèlement gardé la maison. Aujourd'hui que me voilà presque infirme, mon maître a donné ma place à un jeune dogue et a voulu m'assommer. C'est pourquoi j'ai pris la clef des champs.
-Et comment s'appelle ce misérable ?
-Tafarot, le brasseur.
-Celui qui demeure dans cette grande maison désolée, au bout de Quiévrechain ?



-Celui-là même.
-Je le connais. Il a un grenier plein d'orge et un trou à son grenier. C'est un brutal. Je l'ai vu maintes fois bûcher sa femme... De sorte, mon pauvre chien, que tu n'as plus personne pour t'aimer et soigner tes vieux jours ?
-Personne.
-Veux-tu que je sois ton ami ?
-Je le veux bien: mais que pourras-tu pour moi, mon gentil misseron ?
-Essayons toujours. Qui vivra verra. En attendant, top là ! Et les deux amis se touchèrent la patte.



Le blanc misseron, en voletant devant son compagnon, le conduisit à la cense de Vaucelle, qui était le quartier général des moineaux du pays.



Chemin faisant, il rencontra une pie dont la langue allait comme un claquet de moulin.
-Où voles-tu de cette aile, en compagnie de ce clopineux ? Lui cria la pie.
-Ce chien est mon ami, répondit fièrement le moineau.
-Miracle ! le blanc misseron a trouvé un ami ! s'exclama la pie.

Et elle prit les devants pour annoncer la nouvelle.
-Vite ! accourez tous ! disait-elle.

En un instant, les deux compagnons furent entourés de plus de cent misserons qui venaient regarder le chien sous le nez.




Bientôt les quolibets commencèrent à pleuvoir dru comme grêle.
-Quel drôle d'ami !
-Il n'a qu'un il !
-Il n'a que trois pattes !
-Est-il assez dépenaillé !
-Ce n'est qu'un vieux morceau d'ami !
-Où diable l'a-t-il rencontré ?
-Parbleu, à Péruwelz. C'était hier la foire à loques.

Le blanc misseron reçut l'averse et répliqua sans se dégonder, je veux dire sans se déconcerter:
-Vous êtes tous jeunes, beaux, aimables et surtout forts en bec, c'est convenu. Et maintenant, tenez-vous tranquilles et laissez les gens s'aimer en paix.

Le chien confia alors à son ami qu'il avait grand'faim.

- Il n'y a ici à becquer que pour les pierrots, lui dit l'autre, mais si tu veux donner un coup de patte jusqu'à Onnaing, je t'invite à dîner.

Le mâtin accepta et, au bout d'une demi-heure, les deux compagnons firent leur entrée dans le village. En passant devant la boucherie, le misseron dit au chien :

-Reste là, et attends.

Il alla se percher sur la lucarne du grenier, au-dessus de l'étal, tourna sa queue à la rue et laissa choir quelque chose sur un gros morceau de viande.

- Brigand de misseron ! s'écria le boucher.

Il prit la viande, l'essuya avec son tablier, et il allait la remettre en place, quand il s'aperçut que la femme du mayeur, qui demeurait en face, le regardait derrière son rideau.

Il se ravisa, et, comme d'ailleurs la perte n'était pas grande, il jeta le morceau au chien, qui l'attendait assis sur sa queue et le nez en l'air.

Le mâtin sauta dessus, et s'enfuit dans un coin, où il l'eut bientôt avalé.

Les deux amis vécurent quelque temps ainsi, l'oiseau pourvoyant aux besoins du chien, et d'Onnaing à Quiévrechain, dans toute la forêt d'Amblise, il n'était bruit que de l'amitié du mâtin et du blanc misseron.

Par malheur, le pauvre vieux s'affaissait de plus en plus, et il tombait quelquefois dans de longs sommeils, d'où il était difficile de le tirer.

Un jour, le misseron dit à son ami:

- Allons un peu voir du côté d'Onnaing où en est la chicorée, et ils y furent.

En route, comme le soleil piquait et qu'il faisait lourd, le mâtin se sentit las et s'étendit sur le chemin pour dormir un somme.

- Ne te couche pas là, lui cria son camarade. Tu risques d'être escarbouillé. Le chien dormait déjà si profondément qu'il ne l'entendait plus.

Le pierrot se posa au faîte d'un orme, et, tout en veillant sur son compagnon, il se mit à faire cuic... cuic... cuic... pour se désennuyer.

 

Dix minutes après, la sentinelle vit venir de loin une charrette, conduite par Tafarot, le brasseur de Quiévrechain et l'ancien maître du mâtin.

Tafarot était un brasseur, et ce jour là, il était d'humeur massacrante. A sa vue, le blanc misseron essaya d'éveiller son compagnon. Hélas ! c'est en vain qu'il lui cria aux oreilles:

Vite, décampons, voici ton maître !

Le chien, que la promenade avait fatigué, ne s'éveilla que pour retomber dans un sommeil de plomb. Le pierrot prit alors le parti d'aller au-devant du brasseur.

Serait-ce un effet de votre bonté, notre maître, lui demandat-il poliment, de ne point écraser mon vieil ami qui dort là, sur la route ?

- Que ne l'éveilles-tu pour qu'il se gare ? répondit Tafarot d'une voix brutale.

- J'y ai fait mon possible. Il dort comme un loir et je n'ai pu y parvenir.

- En ce cas, tant pis pour lui !

Et le brasseur poursuivit son chemin.

- Savez-vous que c'est votre chien fidèle, qui vous a servi durant dix ans ? s'écria le misseron.

- Ah ! c'est ce vieux gueux qui s'est sauvé, dit Tafarot. Je suis bien aise de le retrouver.

Il dirigea son bourlat droit sur le dormeur.

Arrête, méchant brasseur, arrête, ou tu t'en mordras les pouces !

-Vraiment ! Et que pourras-tu me faire ? repartit dédaigneusement le brutal.

Il fouetta son cheval, et la roue passa sur le corps du pauvre mâtin, qui fut écrasé net.

Le misseron poussa un cri, ses plumes se hérissèrent, ses yeux jetèrent des étincelles.

 

- Misérable ! cria-t-il, tu as tué mon ami. Ecoute bien ce que je te vas dire: tu payeras sa mort de tout ce que tu possèdes !

-Tu peux faire ce que tu voudras, répliqua le brasseur, je m'en moque comme d'une triboulette de petite bière !

Le blanc misseron s'envola, le coeur saignant. Il cherchait dans sa tête un moyen de venger le pauvre défunt, quant il retrouva sa commère la pie qui jacassait toute seule. - Et ton ami, qu'est-ce que tu en as fait ? lui demanda-t-elle.

-Hélas ! le brasseur Tafarot me l'a écrasé, et, par-dessus le marché, il m'a traité de laid mâle d'agache.

-Laid mâle d'agache ! Mais c'est moi qu'il insulte ! Où est-il ?



-Le voici qui vient.

-Ah ! il vient... Eh bien ! reste là, mon camarade, et tu en verras de belles.

Le moineau s'établit dans un buisson, et Tafarot arriva en faisant claquer son fouet.

Dis donc, fieu, lui cria Mme Van Bonbec, est-ce vrai que tu as traité le blanc misseron de laid mâle d'agache ?

- Après ?

- Tu vas m'ôter ton bonnet et me faire tout de suite tes excuses.

Le brasseur haussa les épaules. A cette vue, rapide comme une flèche, l'oiseau s'abattit sur lui, saisit son bonnet par la houpette et l'enleva.

Mon bonnet ! mon bonnet ! cria Tafarot.

Et il poursuivit la pie en lui lançant des coups de fouet.



Elle fut se percher au haut d'un peuplier.

Le brasseur grimpa sur l'arbre. Il n'était point à mi-route que la voleuse, le bonnet au bec, le narguait, à vingt pas de là, sur un frêne.



Tafarot descendit et trouva en bas trois hommes qui, avec leurs courbets, allaient fagoter dans le bois. Les trois hommes se tenaient les côtes de rire. Notre homme, furieux, assaillit l'arbre avec des pierres.

Pendant qu'il se démenait ainsi, le blanc misseron ne perdait pas son temps. Il s'était posé sur le bourlat, et, à grands coups de bec, il déchiquetait le bouchon qui fermait le trou du tonneau de bière. L'oiseau eut bientôt pratiqué une fuite par où coula le contenu du tonneau



Las de poursuivre la pie, Tafarot vint reprendre les guides. Il s'aperçut que le tonneau égouttait, et fut tout ébahi de voir qu'il était vide.

- Que je suis malheureux ! s'écria-t-il en gémissant.

- Pas encore assez ! fit le misseron.

Il alla se percher sur la tête du cheval et recommença à jouer du bec. Le cheval aussitôt de ruer et de se cabrer.

Attends, misérable avorton ! s'écria Tafarot hors de lui.

Il saisit le courbet d'un des hommes et, ne sachant plus ce qu'il faisait, il le leva sur l'oiseau. Celui-ci sauta de côté, et le coup tomba d'une si grande force sur la tête du cheval, qu'il l'étendit roide mort.



- Ah ! que je suis donc malheureux ! hurla le brasseur.

-Pas encore assez, répondit le misseron en s'envolant. C'est chez toi maintenant que tu me retrouveras.

La tête nue et la rage au coeur, Tafarot dégagea le limonier des brancards, et, comme il était aussi fort que méchant, il poussa devant lui son bourlat jusqu'à Quarouble. Il s'arrêta chez Faidherbe, afin de se consoler en buvant une pinte de bière. Cependant sa femme l'attendait en apprêtant une carbonnade pour son souper. C'était une pauvre créature qu'il battait comme blé et qu'à force de coups il avait rendue presque idiote. Elle s'appelait Clara, mais on l'appelait Raclette, par allusion aux raclées qu'elle recevait toute la sainte journée.

Pendant que la carbonnade grillait, elle se souvint qu'il n'y avait plus beaucoup de bière et qu'il fallait mettre un tonneau en perce. Si son brutal de mari venait à rentrer sans que le pot de bière fût sur la table, elle était sûre d'attraper sa volée.

Raclette descendit donc à la cave, mit le tonneau en perce et le pot sous le tonneau. A peine avait-elle ouvert le robinet qu'elle entendit un grand bruit, comme d'un millier d'oiseaux qui s'abattaient sur le toit.


          

Vite, elle remonta pour s'assurer de ce qu'il en était.

Arrivée au grenier, elle faillit tomber à la renverse, en voyant plus de cent pierrots qui dévoraient le grain à bec que veux-tu.

 


C'était le blanc misseron qui venait d'amener là tous les moineaux du pays.

En quittant Tafarot, il était allé droit à la cense de Vaucelle, et, rassemblant ses frères, il leur avait révélé qu'il connaissait un grenier plein d'orge de mars, aussi tendre que du blé, et un trou pour entrer dans ce grenier.

Tous étaient partis comme un seul homme, et ils formaient un nuage si épais que, sur leur passage, les gens se signaient, croyant à une éclipse

Raclette essaya de les chasser: ils voletèrent autour d'elle sans quitter la place. Elle s'avisa d'ouvrir la lucarne; ils ne sortirent pas davantage, au contraire. Ceux qui attendaient dehors entrèrent en foule. Raclette descendit dare-dare pour prendre un bâton. Ne voilà-t-il pas qu'au bas de l'escalier elle rencontra le nouveau chien de garde qui s'enfuyait la carbonnade à la gueule !

 

 

La ménagère se mit à sa poursuite. Malheureusement, il gagna la campagne et elle ne put l'atteindre. La bonne femme revint alors pour fermer le robinet du tonneau, mais, tandis qu'elle courait à travers champs, la bière avait coulé dans la cave. Le tonneau était vide et la cave inondée.
- Seigneur ! dit Raclette, que vais-je faire pour qu'il ne voie point ce gâchis ?
Elle remonta fort en peine et avisa un sac de farine que le meunier avait apporté la veille. Dans sa simplicité elle pensa que, si elle semait la farine, celle-ci boirait la bière et nettoierait le pavé.

 

Le sac était lourd. En le descendant, Raclette renversa le pot, et son contenu fut perdu comme le reste. C'était le dernier pot de bière qu'il y eût dans la maison, les autres tonneaux n'étant point assez rassis pour qu'on pût les mettre en perce.

Un peu après, Tafarot arriva rond comme une grive et gai comme un jour de pluie. Ayant rencontré chez Faidherbe deux archers d'Onnaing qui venaient de tirer de l'arc à la ducasse de Mons, il avait bu avec eux plus de trente pintes sans pouvoir dissiper son chagrin.

Du plus loin que sa femme l'aperçut, elle lui cria:
- Monte vite au grenier, mon homme, il y a là plus de mille misserons qui mangent tout notre grain.

Le brasseur y grimpa quatre à quatre, armé de sa crosse. Les bras lui churent quand il vit, en effet, un millier de moineaux attablés devant les tas d'orge. Au milieu d'eux, le blanc misseron, pareil à un général, semblait commander la manoeuvre.

- Tonnerre ! s'écria Tafarot, et il commença de s'escrimer de droite et de gauche, vlan, vlan, en veux-tu, en voilà !

 



Le brasseur put alors juger de l'étendue de son désastre. Les trois quarts de son orge s'étaient envolés avec les maudits pillards.
- Dieu de Dieu ! suis-je assez malheureux ! s'écria-t-il en s'arrachant les cheveux.
- Pas encore assez ! répondit le misseron, sortant du coin où il s'était caché. Ta cruauté te coûtera la vie !
Et il prit son vol.

Tafarot jeta sa crosse après lui, mais elle ne l'atteignit point. Elle alla choir sur la tête du chien qui rentrait au gîte, et qui fut bien surpris de voir les coups de bâton lui tomber du ciel.

Le brasseur et sa femme descendirent à la cuisine et s'assirent la tête basse et les bras ballants, en face l'un de l'autre. Tafarot apprit alors à sa ménagère tous les malheurs qui lui étaient arrivés.
Elle n'osa trop rien dire, mais au fond de l'âme elle ne trouva point que le blanc misseron eût si grand tort. Pourquoi son mari avait-il écrasé le pauvre vieux chien ?

A force de pousser des soupirs, le brasseur en vint cependant à s'apercevoir qu il avait le ventre creux. Ce fut au tour de sa femme de lui conter l'histoire de la carbonnade, du tonneau de bière et du sac de farine, perdus par la malice du misseron. En toute autre circonstance, il eût moulu de coups sa Raclette. Accablé par cette implacable persécution, il ne put que répéter une dernière fois:

- Ah! que je suis malheureux !
- Pas encore assez ! cria une voix. Ta cruauté te coûtera la vie ! »

C'était l'éternel misseron qui se tenait en dehors, sur l'appui de la fenêtre. Tafarot bondit comme un chat en furie, saisit un escabeau et le lança dans les vitres qui volèrent en éclats. Le blanc misseron eut l'audace d'entrer dans la chambre. Le brasseur lui jeta tout ce qui lui vint sous la main: les poêlons, les casseroles, les plats, les assiettes, les chaises et les bancs, sans pouvoir l'atteindre.



Il finit pourtant par l'attraper.
- Tords-lui le cou ! dit sa femme qui craignait de voir souffrir le petit animal.
- Non ! fit Tafarot écumant de rage, il en serait quitte à trop bon marché. Nous allons d'abord lui apprendre à chanter, en lui brûlant les yeux comme aux pinsons; puis nous lui arracherons une à une les plumes, les ailes et les pattes. Mets le tisonnier au feu.

Raclette obéit. Quand le tisonnier fut rouge, son mari lui commanda de l'approcher. Il sentait avec délice le pauvre oiseau palpiter dans ses mains.



Soudain le blanc misseron leva la tête et cria de toute sa force:
- Brasseur, il t'en coûtera la vie !

Tafarot tressaillit. Il était vert de fureur et grinçait des dents. A cette vue, Raclette eut peur, et, par mégarde, elle lui brûla la main.



Ne se possédant plus, il lâcha le moineau et appliqua à sa femme un soufflet dont elle vit plus de dix mille chandelles. Il voulut alors rattraper le misseron; il l'aperçut sur l'appui de la fenêtre, hors de sa portée. L'oiseau le regarda d'un air qui acheva de l'exaspérer. Il saisit un couteau et en frappa Raclette.



La malheureuse poussa un cri et s'évanouit. Il crut l'avoir tuée, et, tournant sa rage contre lui-même, il se plongea le couteau dans le coeur. 



Raclette n'avait qu'une légère blessure, dont elle guérit bientôt; mais Tafarot tomba mort et le blanc misseron s'envola à la cense de Vaucelle, plus fier et plus heureux qu'un dieu: il avait vengé son ami.

L'aventure fut bientôt célèbre dans tout le pays. Il s'établit, en face de la brasserie, un cabaret qui prit pour enseigne: Au Blanc Misseron. On y vint en foule; peu à peu il se forma un hameau en cet endroit et on lui donna le nom de Blanc Misseron, qu'il garde encore de nos jours.

Les gens racontent volontiers cette histoire. Elle prouve qu'il ne faut dédaigner personne, qu'il n'y a ni petit ami, ni petit ennemi, et que le courage l'emporte sur la force.

FIN